vendredi 5 juin 2009

Double vue ?

Il y a quelque temps, j'encourageais énergiquement mes visiteurs à lire non seulement mes publications - quand même ! -, mais aussi les commentaires, intéressants et enrichissants... notamment pour moi.

Aujourd'hui je vais enfoncer le clou et en rajouter une couche (ça se voit que je bricole ces temps-ci) à la lumière de mon dernier poème, Dhel-.
C'est qu'il vient de se produire ce qui m'arrive bien souvent : au fil des commentaires, notamment ceux de mes deux Bulle (vous permettez que je vous considère un peu comme miennes, jolies bulles errantes ?), je m'aperçois qu'on peut voir dans mon poème tout autre chose que ce que je croyais y avoir mis.

Au départ je rêvassais, comme d'hab, en contemplant vaguement la différence de luminosité entre l'extérieur et mon petit chez-moi, puis l'obsurcissement progressif, les nuances d'intensité mais aussi de qualité de la lumière, entre la partie de la pièce près de la porte-fenêtre et un peu plus loin vers l'intérieur.
Saisie d'inspiration, me voilà agrippant férocement le premier carnet qui me tombe sous la main (j'en sème partout) pour enfanter - sans douleur - une nouvelle Oeuvre inoubliable. En fait je me laissais porter par l'idée de lumière, je tournicotais autour de ses différents aspects, sa signification matérielle ou symbolique, bref je cherchais à décrire la lumière.

De mon point de vue, j'y étais arrivée. Puis... commentaires.
Qui me faisaient plaisir mais me laissaient quand même un peu dubitative : "voyage" ? "visionnaire" ? Prise dans la sensation initiale qui m'avait poussée à écrire, je n'y percevais pas vraiment ça.

Ce n'est qu'avec le dernier commentaire, celui de Bulle Noire, que j'ai enfin décidé d'agir - ce qui me demande toujours beaucoup de stimuli et une longue mise en train. Autrement dit, j'ai relu mon poème en essayant de faire abstraction des conditions de sa naissance, pour essayer de ressentir comment on pouvait le percevoir d'un oeil vierge.
Et là, illumination ! Tout à coup c'était évident : bien sûr, c'est un voyage qui se dessine, une sorte d'errance cosmique. A ce propos, je vous suggère de le lire en écoutant mon cher Dark Star (dans la play-list Deezer, à droite); ne vous inquiétez pas : le début du morceau suivant vous tirera sans mal de votre transe ;-)

Je suis un peu déçue que mes élucubrations sur la lumière ne soient pas perceptibles (trop cryptiques ?), que le poème soit raté selon son objectif initial, mais en même temps émerveillée d'avoir produit involontairement quelque chose qui me plaît aussi et... qui m'échappe totalement. Je n'ai pas voulu fantasmer un voyage cosmique, et pourtant il s'est créé tout seul, en utilisant mon carnet, mes mains, ma sensibilité, mon psychisme, etc. et je ne sais pas d'où il sort, quelle alchimie compliquée l'a synthétisé.

Finalement, face à ce mystère, je suis toujours aussi dubitative bien que pour d'autres raisons. Et je crains fort que l'explication soit inaccessible...
A moins que la perspective de l'expo William Blake, que je vais visiter dans quelques jours, m'ait faite visionnaire, sans le moindre stimulant artificiel ??? C'est un peu inquiétant. Dubitative, je vous dis !

5 commentaires:

  1. Salut Fantôme !
    Bon… Bien sûr, j’avais lu ton poème, mais tu me connais depuis l’temps, j’ai un peu de mal avec la poésie…
    Par contre le fait que tu te remettes en question, là ça me parle beaucoup plus.

    Alors, pour éviter que tu te prennes trop la tête avec des questions existentielles, je vais te donner mon avis… Parce que j’ai déjà réfléchis à ça, figure-toi !

    Pour être (sans vouloir me péter plus haut que mon séant) confronté aux mêmes affres de la création que toi, je pense qu’il y a une grande différence entre ce qu’un auteur veut dire en écrivant un texte et ce que comprennent les gens qui lisent ce même texte. Tout est affaire de langage, de culture et d’éducation.

    Dans la phase créatrice, tout se passe entre toi… et toi. C’est une discussion qui s’ouvre entre ta vision des choses et les moyens dont tu disposes pour l’exprimer.
    Dans un deuxième temps, le texte s’en va loin de toi. Il te quitte. Il s’émancipe pour vivre sa propre vie, comme les enfants.
    Il devient alors ce que les gens voient de lui, avec leur vision des choses et les moyens dont ils disposent pour l’analyser…
    Je pense qu’il faut accepter que notre texte devienne adulte pour vivre sa vie et raconte, peut-être, autre chose que ce que l’on voulait raconter au départ. Et ceci est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de poésie.

    Si tu tiens tant que ça à transmettre un message, il faut dans ce cas écrire des slogans ou faire de la publicité.
    Et puis, je crois qu’il ne faut pas oublier la puissance de notre subconscient dans la création… Il nous suggère parfois des choses que nous ne voyons pas, ou que nous ne voulons pas voir.

    Alors, cher Fantôme, ne te prend pas la tête ! Bises !

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  2. Bon, t'as raison bien sûr. Mais quand même, c'est dur de voir son bébé grandir, partir et se transformer :(
    Avec des poèmes surtout, c'est certainement inévitable, à moins peut-être de s'en tenir au gazouillis des petits ziozios et à la guimauve. Mais je ne vais quand même pas me mettre à écrire des pubs à la place, rassure-toi ! Je préfère encore voir évoluer mes poèmes et, qui sait, je finirai peut-être par aimer ça :)

    Donc, j'essaie de suivre ton bon conseil et ne pas me prendre la tête avec des questions existentielles (ça non plus, c'est pas facile pour moi). Mais quand même, je suis très curieuse de savoir, de comprendre, comment mon omniprésent inconscient et la force propre du langage se combinent pour créer quelque chose quasiment ex nihilo. C'est tout simplement fascinant !... même si j'enfonce une porte largement ouverte en le remarquant enfin.

    Merci d'apporter le fruit de tes réflexions, another brick in the wall.

    Bisous :)

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  3. Merci ! pour cette bonne tranche de fou rire ;-) J'imagine d'ici ta bobine aux beaux z'yeux aussi écarquillés que notre cher astre nocturne au plus fort de ses rondeurs ;-)
    Eh oui, ma belle, bébé a pris son envol (tiens c'est pas bientôt la fête des mamans ?), mais n'est ce pas pour mieux revenir papillonner... en te chatouillant l'esprit ?
    Ne dit-on pas que la Nature est le Livre Ouvert sur la Vie ? ce qui se lit sur un plan, se lit donc forcément aussi sur un autre... et l'un dans l'autre se connectent, se relient, pour dévoiler un Univers dont la magie ne se lasse pas de nous émerveiller... n'est-ce-pas ?
    Alors soit, boude un p'tit peu que certains d'entre nous aient sauté une marche en te lisant, mais surtout amuse-toi à découvrir les jolis tours de passe passe que t'offre ton Subconscient pour se révéler à ta surface... ;-)

    Et merci beaucoup pour les explications du Dhel-... même là, tout y est ;-)

    Biz'ettes joyeuses :)

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  4. Finalement c'est un peu l'histoire de la "Tarte Tatin " ce qui t'arrive .
    J'ai tendance à avoir des commentaires plutôt succints , mais là , je ne sais pas pourquoi je sens ton appel à un développement de ma pensée . Donc telle la pâte à tarte je vais m'étaler (sans me répandre ) :
    Tu as "poésé" avec une certaine idée en tête (ou en coeur) , et coup de théâtre , le Destin , le karma intervient ( c'est nous !) , voilà ton idée initiale sens dessus-dessous .
    Tu crois avoir râté ton objectif , alors qu'en fin de compte , même si ça ne ressemble pas trop à ce qui était prévu : c'est délicieux .

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  5. Vous savez quoi, les filles ? Même traquée par les viri (je trouve le côté "macho pédant" de viri plus original que "viruss"), j'ai quand même dû lire subliminalement vos commentaires : la tarte Tatin et le rhube subconscientisé se sont combinés en tartes à la rhubarbe. Miam ! Je viens de faire la deuxième en deux semaines, j'en raffole :)

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