dimanche 16 septembre 2007

La jeune folle et le vieux sage, elle dit (années 70)

(A la jeunesse)

Laisse donc mes illusions,
toi qui prêches la force d’âme
parce que tu crois ton âme forte,
mais elle n’est que dure.
De quel droit déments-tu mes rêves,
toi qui n’as jamais rêvé ?
De quel droit combats-tu ma faiblesse
qui vaut bien ton assurance ?
Comment peux-tu juger ?
Pourquoi veux-tu juger ?
Tu as tes folies de sage,
sages folies mais qui t’exaltent.
Mes aberrations quotidiennes
me sont si fades…

Veux-tu faire l’échange ?
Veux-tu ma peau si coriace ?
Veux-tu mes yeux qui ne baissent pas ?
Veux-tu ma tête sourde à vos cris ?
Veux-tu mon insolence,
mon heureuse insouciance ?
Veux-tu ce bonheur que tu m’envies
au point de me le reprocher ?

Je te le donne, je te donne ma vie :
fais-en ce que tu peux.
Prends mes vingt ans et ma beauté,
prends mon vide et mon désespoir,
et bonne chance !

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