dimanche 16 septembre 2007

Pour ta naissance (années 70)

Quel cadeau te ferai-je, enfant qui ne vois pas ?
Veux-tu les tours d’orgueil d’une mégalopole,
la roue et le laser, les chemins des étoiles ?
Veux-tu les beaux dessins d’un recueil de légendes,
la poésie, l’histoire et la pensée des hommes ?

Que pourrais-je t’offrir, enfant qui ne vois pas ?
Veux-tu la nuit qui tombe et ses troubles mystères,
la pénombre qui gomme une cité en ruine ?
Veux-tu la longue plaine et les douces collines,
le sentier qui enlace une rivière calme ?

____Donne-moi
____la machine, et le livre,
____et le temps, et l’espace
____et ta présence.

Quel cadeau te ferai-je, enfant qui n’entends pas ?
Veux-tu un hurlement de révolte et de haine,
ce cri multiplié d’un monde qui sait se battre ?
Veux-tu un chant d’amour, de bonheur et de joie,
cette ample symphonie d’un monde qui croit en lui ?

Que pourrais-je t’offrir, enfant qui n’entends pas ?
Veux-tu la mélodie sans passion du silence,
la ballade sans fin des voix qui se sont tues ?
Veux-tu le bruit du vent dans un arbre immobile,
le murmure d’un prêcheur que personne n’écoutait ?

____Donne-moi
____le courage, et l’espoir,
____et le calme, et la foi,
____et ta présence.

Quel cadeau te ferai-je, enfant qui ne sens pas ?
Veux-tu l’éclat du rire, la saveur de l’alcool,
l’épuisement heureux du désir assouvi ?
Veux-tu un chat câlin, la tendresse d’un ami,
la douceur d’un baiser à la fin de l’été ?

Que pourrais-je t’offrir, enfant qui ne sens pas ?
Veux-tu le goût du sang sur un corps qui s’effondre,
le blessé achevé, l’ennemi mutilé ?
Veux-tu un idéal, une révélation,
une vison magique et le froid d’une aiguille ?

____Donne-moi
____le plaisir, et l’amour,
____et la rage, et le rêve,
____et ta présence, ma mère.

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