dimanche 13 avril 2008

Résurgence

(Blog-journal, peut-être trop intime ? J'ai hésité...)

Un éveil, un réveil, encore un mais peut-être le bon.

Il n'y a rien à fuir.
La fuite est en elle-même. C'est la panique de la proie devant le fauve; sauf qu'il n'y a pas de fauve, ou ce n'est pas un fauve, ou il est amical.

Toute l'angoisse d'un futur possible, le coeur qui s'emballe, les muscles crispés, prêts à fuir. Des cris à venir, qui jamais ne viendront. La souffrance et les ennuis dont le passé semble plein. Logique primaire ! : demain sera semblable à hier, à avant-hier. Mais quel grain de poussière représentaient ces souffrances ? quelle goutte dans un océan de paix, certes morne parfois ? quelle tare précise équilibrant les joies ?

Regret. Regret de cette lumière perdue sans l'avoir vue. A quoi bon ce regret ? Elle est toujours là, si je ne la vois pas. Elle sera là demain, et un autre jour. Je la verrai enfin... si je cesse de fuir.

Un gros paquet pesant, de peur et de doute, m'écrase, m'étouffe. Il faut se battre. Lutter en acceptant ce poids en soi, pas lutter contre lui, lutter en l'accueillant comme partie de soi; il a ses raisons, n'existe pas que pour nuire. Qu'importe les raisons ? Il est là, il existe; simplement, il a sa place mais rien que sa place, il n'est pas tout. Je ne vois que lui et il existe, mais le reste aussi. Il n'y a rien à changer, juste accepter le flux et tout ce qu'il charrie.

La souffrance, le mal, l'injustice, la haine, la violence, ce qui me rend malade, par impuissance. Cesser de lutter contre ces moulins à vent. Accepter leur existence, ce qui est accepter la vie, avec aussi la joie, l'amour, la compassion. Accepter l'injustice galopante avec le retour du printemps, la violence avec l'extase, la mesquinerie avec l'amitié. Et les vivre. En profiter, les savourer.

Dépression et anti-dépresseurs, même combat ! Sortir de ce cocon de non-sensation morose et goûter aux doux-amers des jours qui passent, sans penser à demain comme aux terreurs à venir. (Re)trouver le goût de la vie, simplement pour ce qu'elle apporte, sans rechercher les sensations ultimes.

Ne pas commettre encore la même erreur, ne pas fuir à l'extérieur en refusant le bien avec le mal. Goûter l'air et le rire même si ce n'est, d'abord, que celui d'un autre. Se gorger de lumière solaire, sa puissance n'a pas besoin de volutes psychédéliques. Matérialiser ses fantasmes dans les nuages, son délire sur une page blanche.

S'ouvrir, simplement en le décidant. Libérer ses sens pour accueillir les nuances, les demi-teintes, les demi-goûts, pour en ressentir autant d'intensité que d'un vacarme ou d'un plat trop épicé. Respecter son corps et son esprit en leur donnant la nourriture qu'ils réclament. Ne pas les encombrer de pacotille en surcharge, mais les libérer pour les doux apports qui leur conviennent de toute éternité.

Accepter la réalité. Accepter qu'elle est yin et yang, que le blanc y cotoie le noir. Et cesser de se détruire en se débattant, en se déchirant sur les barbelés quand la voie libre est tout à côté. Accepter le mal, la souffrance, pour ce qu'ils sont et parce qu'ils sont. Goûter le bien, la joie, sans les vouloir seuls au monde. En tirer l'énergie pour la vraie lutte, pour redresser la trajectoire et enfin, sans ignorer les heures de bonheur, combattre le mal avec ses vrais moyens et sans rêver de l'éradiquer totalement.

Accepter l'équilibre du monde et y trouver le mien.

(NB : j'ai beau écrire "Qu'importe les raisons", ça n'exclue pas la psychanalyse. Les deux démarches, toutes deux difficiles d'ailleurs, me paraissent compatibles et complémentaires)

14 commentaires:

  1. De quelle lumière parles-tu Fantôme? De cette lumière dorée de l'enfance qui a fichu le camp et qui rendait le monde plus beau qu'il n'est ?

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  2. Ce serait plutôt la lumière blanche de l'illumination ;) En fait simplement celle de "voir (enfin) la lumière".
    Ma lumière d'enfance est plutôt d'un bleu brumeux... et d'ailleurs je ne suis toujours pas adulte !

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  3. Je plonge dans tes mots et j'y trouve un écho ... le ressenti, le regard sur la Vie, le questionnement, les maux de l'âmes que tu mets si bien en mots ...
    Je suis venue te remercier pour ton merveilleux, magnifique commentaires sur mon blog
    Je te remercie de tout coeur . Je t'envoie toute mon amitié, en toute sincérité . Bisous .
    Liza Peninon

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  4. Voilà un compliment oh! combien précieux, venant de qui allie le talent au courage.
    Un grand merci, Liza, avec mon amitié.

    Et pour ceux qui liraient ce commentaire, je leur souhaite de découvrir à leur tour "Liza Blues" et ses poèmes vibrants de sensibilité.

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  5. Ces mots me touchent, en souvenir d'un passé où je me les suis souvent répétés, pas tout à fait de la même manière, mais le fond y ressemblait beaucoup. Aussi, j'ajoute un sourire et un d'accord complice :-)
    A bientôt
    Amitiés

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  6. Cet article m'évoque la thématique des "Ailes du désir" de Wim Wenders.

    Avec beaucoup de retard, je vous autorise (évidemment) à mettre mon blog en lien sur le vôtre.

    Puis-je en faire autant ?

    Louloubar

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  7. Tant que je suis en veine de confidences, j'avoue, Louloubar : je n'ai encore jamais vu "Les ailes de désir" :( Excellente occasion de combler cette lacune !
    Et bien sûr je suis résolument favorable à l'échange de liens :)

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  8. Frederianne, je suis ravie de ta visite (tes lettres imprimées sont moins intimidantes que ta calligraphie ;)
    J'apprécie beaucoup de trouver cette communauté de pensée... complice.
    A bientôt, en toute amitié, dans ton pays des rêves :)

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  9. Ahhh, j'espère que mon petit Fantôme de Lune trouvera un jour la sérénité qu'elle mérite tant ! Et un peu comme Frédérianne, j'ai eu également un temps comme tu l'as décrit...c'est dur de se dire qu'effectivement le blanc existe aussi grâce au noir, et vice versa...
    Des bisous d'amitié...

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  10. "Le blanc existe aussi grâce au noir". Bravo Clélia ! Voilà très bien résumée cette prise de conscience, si laborieuse (et incertaine) pour moi.
    Il est toujours à la fois un peu étonnant et réconfortant de réaliser que d'autres sont passé(e)s par les mêmes étapes. Encourageant aussi !
    Bisous :)

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  11. Dans cette angoisse (désolée si le mot ne correspond pas exactement à l'idée et au sentiment) bien (d)écrite, je retrouve encore un peu de cette ironie que j'adore. Comme tous tes fidèles lecteurs je me retrouve (trop bien) parfois. Je crois que tu as raison il faut "accepter", je rajouterais bien "ce qui reste acceptable" mais bon c'est un avis très personnel.
    Bisettes

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  12. Ton avis très personnel est un avis plus que respectable, Roxane.
    Mon problème c'est que mon esprit lunatiquement nocturne ne trouve pas grand chose d'acceptable ;) Alors j'oscille le tout et le rien... et suis en phase de "tout".
    Bizzz

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  13. J’envie ta poésie spectrale Fantôme. Pour ceux qui cherchent à communiquer leurs conflits intérieurs, abattre les murs qu’ils se sont eux-mêmes fabriqué… C’est un médium de choix. Chez toi, cela confère à un don de mère nature. Tout mon respect.

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  14. Le respect est réciproque, Gwendal :)
    J'apprécie beaucoup ton blog, dont son fond noir ;)

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