jeudi 4 novembre 2010

Vu d'en bas

A chaque pas j'écrase une myriade de microbes. Ou plutôt j'essaie. Zoom avant. Entre les crêtes de la poussière, les Everest du bitume, tapis dans les vallées microclimatiques, ils se terrent, lâches !

Pourquoi lâches ?
Non, ils s'abritent. Sacrifient sur leurs autels d'atomes les microesclaves voués au salut de leur société. Implorent, avec toute la rouerie souhaitable, la clémence des puissances invisibles dans leur immensité, dont ils savent, parce que savoir est inné, que leur survie dépend.

Mais ils s'interrogent. Leurs prêtres ont dit... Pourtant certains s'interrogent.
Parfois un intrépide, un tout jeune, tout neuf, tout fou, ignore la sagesse ancestrale et refuse les traditions immuables. Oh ! il lui faut bien 494372 secondes, au moins ! Mais l'émergence de sa pensée libre arrive fatalement à son terme.
Alors il échappe au destin immémorial de la soumission à la condition microbienne, à l'équilibre fatal entre le peuple microbe et ses dei ex maxima. Il choisit la rébellion, l'attaque, tout feu, tout flamme, il enflamme, passe à l'attaque, refuse le statu quo, la guerre de tranchées de ses pères.

Quelques 11666 minutes plus tard, bien sûr, son innovation est devenue norme. Bien sûr les puissances invisibles (inventées par les prêtres, comme chacun sait et tait) ont absorbé et assimilé sa révolte. Son unicité est devenue masse grouillante, moutons de Panurge. Sa tactique innovante ne surprend plus personne, et surtout pas "là-haut". Elle est domptée.

Alors il meurt. Vaincu. Banal. Seulement fier, si tous les autres s'en moquent, d'avoir accompli un petit pas dans l'évolution de son antique espèce. Il sait, lui, que tôt ou tard elle échappera à la domination des grands invisibles. Qu'après bien d'autres novateurs comme lui, elle sera libre et vainqueur !

Il oublie, bien sûr, que les dieux sont l'aliment de son peuple. Et il ignore que les dieux sont mortels.

1 commentaire:

  1. Bonjour Fantôme de Lune j'espère que cela va par chez toi!
    J'ai trouvé ton article vraiment très intéressant et je dois avouer que la métaphore m'a beaucoup plu!

    Moi j'ai eu beaucoup de problèmes à gérer, le décès de ma Sister, des caps pas faciles à passer au boulot aussi et cela explique aussi pourquoi j'ai été aussi traitreusement absent sur la toile... Mais enfin je passe toujours faire un saut dans ton univers que j'aime beaucoup.
    Bises à toi Fantôme.

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